Accès Client

Le premier rôle pour les pharmaciens

Par Armand Pinton, président d’Astera

La place du pharmacien dans le parcours de santé a évolué avec la crise sanitaire. Cette dernière a accentué un mouvement déjà entamé vers un rôle plus central pour une profession davantage tournée vers les services.

Comment la crise sanitaire a-t-elle changé l’image du pharmacien auprès de la clientèle ?

Le pharmacien ressort grandi de cette crise. Nous avons su répondre présent tout au long de cette période. Les officines n’ont jamais fermé leurs portes, permettant ainsi la continuité des soins.

Nous avons rassuré les patients en leur donnant le conseil dont ils avaient besoin. Notre image en a évidemment bénéficié. Le dernier sondage IFOP révèle ainsi que 97% des Français nous font confiance.

Nous étions depuis longtemps à des taux très élevés mais le rôle essentiel du pharmacien dans la gestion de cette crise les a encore fait grimper.

Au-delà de l’image, le rôle du pharmacien a-t-il évolué avec cette pandémie ?

Le plus marquant aura été la prise de conscience par les pouvoirs publics de l’importance du pharmacien. On nous a donné des missions extrêmement stratégiques durant cette crise comme la réalisation des tests antigéniques et la vaccination. L’Etat a pu s’appuyer sur le fort maillage territorial des officines pour mettre en œuvre sa politique de crise. Sur les quelque 22 000 pharmacies françaises, 18 000 ont vacciné et un peu plus de 14 000 ont fait des tests.

Cette crise a également entraîné les pharmaciens dans la voie de la digitalisation avec les e-prescriptions et surtout, la prise de rendez-vous. Le mouvement doit encore s’amplifier avec, entre autres, l’ouverture des espaces de santé numérique pour tous les assurés sociaux.

Enfin, nous avons travaillé plus que jamais ces derniers mois avec les médecins et les infirmières, comme la nouvelle convention nous incite à le faire. Les pharmaciens ont tout intérêt à prendre leur place dans ce travail d’équipe centré autour du patient.

De manière générale, la crise aura accéléré à une vitesse folle des évolutions pour la plupart déjà enclenchées. Le statut du pharmacien en sort renforcé par la double reconnaissance des patients et des pouvoirs publics. Maintenant, il s’agit de profiter de cet élan pour répondre aux défis de demain.

Quels sont ces défis justement ?

Il y a celui du digital déjà cité. Il faut aller au-delà des prises de rendez-vous, des e-prescriptions et du simple click’n collect. Le pharmacien doit également prendre une place centrale dans le parcours de soins des patients pour assurer sa mission d’engagement en matière de santé publique.

Enfin, les officines doivent se tourner de façon radicale vers les services pour déconnecter la rémunération du pharmacien du prix du médicament. En augmentant la part des services, on s’assure de conserver des revenus sur le long terme et de protéger la profession de pharmacien d’officine.

Il demeure évidemment quelques freins à ces évolutions (manque de temps, besoin d’organisation et de formation) mais il faut les lever au plus vite pour que le pharmacien fasse face aux défis de demain dès aujourd’hui.