Le cancer, c’est connu, a tendance à se propager. Dans le corps, comme dans le monde. Les derniers chiffres du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), l’agence spécialisée dans cette maladie de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), portent ainsi à 19,96 millions le nombre de cancers diagnostiqués dans le monde en 2022. Et la tendance est loin d’être à la baisse. Les prévisions du CIRC ne peuvent qu’inquiéter. Elles prédisent ainsi sur une hausse de 77% des nouveaux cas diagnostiqués d’ici à 2050. On enregistrerait alors plus de 35 millions de nouveaux cas de cancer !
Première cause de décès
En France, le cancer demeure encore et toujours la première cause de décès (157 000 en 2022). 433 000 nouveaux cas sont détectés chaque année. Un chiffre qui a doublé en trente ans. Les causes sont diverses. “La progression rapide de la charge des cancers s’explique par le vieillissement et la croissance de la population. Mais aussi par des évolutions dans l’exposition aux facteurs de risque, associées dans certains cas au développement socioéconomique, précise le CIRC. Le tabac, l’alcool et l’obésité sont les principaux facteurs expliquant l’augmentation de l’incidence du cancer, et la pollution de l’air reste l’un des grands facteurs de risques environnementaux”.
Dépister
Parmi tous les cancers qui les affectent, les femmes et les hommes sont particulièrement touchés par le cancer colorectal qui représente la deuxième cause de décès par cancer. Plus de 47 000 personnes sont touchées chaque année et il cause près de 17 000 décès. Pourtant, ces chiffres pourraient drastiquement baisser grâce au dépistage. Or, comme le souligne l’Institut national du cancer, “si l’adhésion au principe du dépistage organisé est élevée au sein de la population française (94% des femmes se déclarent favorables au dépistage du cancer du sein et 94% des hommes et femmes au dépistage du cancer colorectal), le passage à l’acte demeure insuffisant”. De fait, le taux de participation au dépistage atteint péniblement les 33%.
Communiquer et rassurer
Communiquer autour de ce dépistage s’avère donc plus que nécessaire car des freins demeurent selon la Ligue contre le cancer. Elle cible ainsi “un déficit d’information”, “la méconnaissance de l’importance de se faire dépister” ainsi que “des représentations erronées des techniques de dépistage, notamment la peur et la gêne de la coloscopie”.
L’opération Mars Bleu, un mois dédié à la promotion du dépistage du cancer colorectal, est là pour lever ces barrières. Et si tous les acteurs du monde de la santé ont leur rôle à jouer, les pharmaciens sont évidemment concernés au premier chef.
Se former pour être prêt
“Le cancer colorectal est tout aussi silencieux que dangereux, souligne Anne Basuyau, responsable formation – CERP Rouen Formation. Le dépistage, comme la prévention, sont fondamentaux. Plus les professionnels de santé en parleront, plus la participation aux campagnes de dépistages par les patients sera forte”.
Autorisés désormais à délivrer des kits de dépistage du cancer colorectal, les pharmaciens ont un grand rôle à jouer. Pour les aider à remplir cette mission, en parallèle de la formation à suivre avec les Centres Régionaux de Coordination des Dépistages des Cancers (CRCDC), CERP Rouen Formation leur propose une formation dédiée : “cancer colorectal, prévention, dépistage et prise en charge”. Celle-ci se déroule en e-learning. “On se connecte quand on le veut, en totale autonomie, en bénéficiant d’un délai de deux mois pour la réaliser dans son ensemble”, précise Anne Basuyau.
Des formations e-learning abordent la question du cancer
Deux autres formations en e-learning abordent la question du cancer sous un angle différent : “cancer, prise en charge des patients à l’officine” et “le cancer et ses traitements”. Une dernière, délivrée en présentielle ou en classe virtuelle, s’intitule “cancer, traitements et prise en charge du patient”.
Ces quatre formations suivent le même objectif : permettre aux pharmaciens, et à leurs équipes, d’être le plus à l’aise possible sur toutes les questions liées au cancer. Il faut savoir accueillir le patient, le guider dans ses démarches mais également, lorsqu’il vient avec une ordonnance, être à ses côtés pour favoriser une bonne observance de son traitement.
“Deux de nos formations s’intéressent tout particulièrement au traitement car il y a une vraie demande de la part des pharmaciens et de leurs équipes sur ce sujet. De fait, les traitements évoluent très vite. Ils peuvent être lourds, complexes et leur bonne observance est fondamentale. Les questions sont nombreuses sur ce sujet et les pharmaciens cherchent à mettre à jour leurs connaissances. Nos formations peuvent les y aider”.
Le Côlon Tour porté par les étudiants
Depuis 2012, le Côlon Tour est organisé pour informer et sensibiliser au dépistage organisé du cancer colorectal. Aux commandes de cette opération, la Ligue contre le Cancer promène partout en France une structure gonflable en forme de côlon géant. Les visiteurs peuvent ainsi découvrir l’intérieur du côlon ainsi que les lésions qu’il peut présenter à différents stades (diverticules, polypes plans, sessiles ou pédiculés et cancer).
Grâce à cet outil, La Ligue contre le Cancer explique facilement le fonctionnement comme l’intérêt du dépistage par test immunologique. Il permet également de dévoiler concrètement l’intérêt de la coloscopie pour traiter des petites tumeurs par endoscopie en évitant un traitement chirurgical. L’objectif pour la Ligue contre le cancer consiste à donner “une information ludique et pédagogique pour sensibiliser le plus grand nombre sur l’importance de ces examens et les inciter à faire le test de dépistage du cancer colorectal”.
Le tour des facultés
Cette année, le Côlon Tour fera étape dans 80 villes de France qui proposeront par ailleurs différentes animations et activités autour de cette cause. Mais ce n’est pas tout. Pour la première fois, il posera son côlon géant dans 16 facultés de pharmacie afin de sensibiliser les futurs pharmaciens au dépistage du cancer colorectal.
La Ligue contre le Cancer collabore avec l’Association Nationale des Etudiants en Pharmacie de France pour déployer ce dispositif au cœur des lieux d’enseignement. “Les étudiants en pharmacie jouent un rôle crucial dans la prévention et la sensibilisation aux enjeux de santé public, étant les futurs professionnels de santé en contact direct avec la population, souligne l’ANEPF. Notre formation initiale nous dote des connaissances nécessaires pour informer et conseiller efficacement sur les pratiques de prévention, les dépistages et les comportements à adopter pour réduire les risques liés aux cancers colorectaux. En tant qu’acteurs de la santé de demain, les étudiants en pharmacie ont à cœur de sensibiliser dès maintenant le grand public aux mesures préventives et aux dépistages précoces. Leur engagement actif dans le “Côlon Tour” témoigne de leur volonté de s’investir pleinement dans la lutte contre le cancer colorectal et de contribuer à l’amélioration de la santé de population”.