Par Frédéric Castets, directeur du département CEDIVET
Quelle est la place aujourd’hui de l’officine dans le marché des produits vétérinaires ?
Elle est encore trop limitée ! Les pharmacies n’interviennent que pour moins de 10% de ce marché au chiffre d’affaires d’1,5 milliards d’euros dont plus de la moitié provient de la vente de produits pour chiens et chats. Les officines n’investissent pas suffisamment dans un secteur pourtant florissant et prometteur. Aujourd’hui, les Français dépensent 4,5 milliards d’euros par an pour leurs animaux de compagnie. La moitié de ce budget est consacré à la nourriture, l’autre aux soins en tout genre (vétérinaire, toilettage, accessoires, etc). Un foyer sur deux possède un chien ou un chat. On en compte respectivement 7 et 13 millions sur le territoire national.
Par ailleurs, ces animaux, dont on prend davantage soin, vieillissent en plus grand nombre. Des pathologies gériatriques et chroniques apparaissent qui nécessitent une consommation plus régulière de médicaments. Le marché ne cesse donc de grandir.
Quels sont les freins au développement de ce secteur à l’officine ?
Certains officinaux ne veulent pas se lancer par crainte de mévente. Leurs clients ne leur demandent pas ce type de produits alors ils en concluent qu’ils n’en veulent pas. Mais le raisonnement est faussé. Beaucoup de clients privilégient aujourd’hui les spécialités vendues par les vétérinaires. Je connais des pharmacies qui réalisent 10 000 euros d’achats d’aliments vétérinaires par mois !
Les officines peuvent donc trouver un intérêt à mieux communiquer sur le sujet, faire savoir à leurs clients qu’ils peuvent trouver tous les produits dont ils ont besoin en pharmacie. Il n’est pas inutile de rappeler par ailleurs que le pharmacien peut honorer toutes les ordonnances délivrées par les vétérinaires, même si ces derniers confondent souvent prescription et délivrance.
L’Association Nationale de la Pharmacie Vétérinaire d’Officine (ANPVO) a d’ailleurs réalisé une vidéo ludique à destination du public sur le thème « la délivrance des médicaments vétérinaires ». Sur le ton de la pédagogie, celle-ci vise à renseigner les patients détenteurs d’animaux des avantages liés à l’utilisation du circuit officinal. (vidéo disponible en cliquant sur ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=bGULN0iCMDk)
Quels sont les avantages pour une pharmacie à développer son rayon vétérinaire ?
Pour augmenter son chiffre d’affaires, on dit souvent qu’il faut faire croître le panier moyen des clients. Les officines se sont massivement lancées dans le conseil associé pour y parvenir. L’idée est bonne mais il ne faut pas oublier avant tout de donner envie au client de rentrer dans la pharmacie. Et le rayon vétérinaire a ici son rôle à jouer. Le référencement est alors un critère de distinction entre officines.
Ce n’est pas un hasard si les jardineries ont installé des rayons dédiés aux animaux. Ils attirent du public et notamment les familles. On peut ainsi faire venir dans la pharmacie des clients qui n’y seraient pas rentrés par ailleurs. Le pet food peut devenir une raison de fréquenter l’officine. Et si les marges ne sont pas extraordinaires sur ces produits, rien n’interdit d’amener le client vers d’autres achats.