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Une marge sous stéroïdes !

Joffrey Blondel, directeur Financement et Gestion de l’Officine auprès de CERP Rouen, revient sur les résultats économiques « atypiques » de la pharmacie en 2021.

Comment a évolué la marge des officines en 2021 ?

Chaque année, je compile des statistiques pour analyser en détail la rémunération d’une pharmacie moyenne dont le chiffre d’affaires se chiffrerait à 1,9 million d’euros.

En 2021, les missions liées au Covid ont boosté la marge comme jamais. Elles ont représenté près de 12% de la marge brute globale (605 000 euros) de notre pharmacie de référence avec une marge de 71 000 euros.

Il faut d’ailleurs bien tenir compte de l’aspect atypique de cette marge pour ne pas rater l’atterrissage à venir. Avec la diminution des activités liées au Covid viendra une baisse aussi bien en pourcentage qu’en valeur de la marge.

La hausse était donc uniquement due au développement des missions liées au Covid ?

28 000 euros sur les 33 000 euros d’excédent brut d’exploitation supplémentaires enregistrés en 2021 proviennent de fait des TAG et de la vaccination anti-Covid.

Les nouvelles missions de la pharmacie (bilan de médication partagé, entretien pharmaceutique, vaccination contre la grippe) sont restés le parent pauvre de l’année écoulée. On ne peut en vouloir au pharmacien, concentré sur la problématique du Covid, mais il n’en demeure pas moins que la rémunération pour ces nouvelles missions, comme leur développement, est resté bien faible. La marge sur ce secteur n’aura été que de 1 500 euros en 2021.

La CNAM continue néanmoins de compter sur les pharmaciens en la matière. Elle les encourage à s’engager dans ces nouvelles missions et leur en ajoute d’ailleurs de nouvelles dès l’année prochaine : entretien femme enceinte au comptoir, distribution de kit de détection du cancer colorectal, extension de la vaccination à d’autres maladies que la grippe.

Toutes les officines ont-elles été concernées de la même manière ?

Non, la moyenne cache de fortes disparités. Près de 30% d’officines sont passées au travers des tests et des vaccins et leur taux de marge a pu connaître une baisse. Elles n’ont pas bénéficié de l’effet TAG qui a masqué une problématique rencontrée aujourd’hui par les pharmacies : la progression nette des médicaments chers (au-delà de 1 930 euros). Ces derniers constituent en effet 18,4% du chiffre d’affaires alors que leur taux de marge moyen n’est que de 2,7%.

Les charges ont-elles aussi évoluées en 2021 ?

L’excédent brut d’exploitation a en effet été impacté par une augmentation des frais généraux, notamment pour les pharmacies engagées dans les missions Covid qui ont dû investir en matériel (barnums, kit, etc.) comme en personnel.

Quelles sont les premières tendances et perspectives pour 2022 ?

Le début de l’année 2022 est resté très tonique. L’effet Covid se fait encore sentir même s’il s’atténue sur le deuxième semestre. Par ailleurs, l’activité liée au médicament comme aux produits conseils connaît une belle croissance. Il semble que nous assistions à une sorte de rattrapage après des reports de consultation en 2021 quand encore beaucoup de patients préféraient ne pas fréquenter les milieux médicaux. Cette reprise se constate dans les chiffres de vente de médicaments à 2,10% de TVA comme de l’automédication.