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“La volonté d’arrêter est toujours présente”

Par Alexandre Pouchain, responsable du service merchandising chez CERP ROUEN

Quel est le poids du tabagisme en France ?

Le tabac reste la première cause de mortalité évitable dans notre pays avec plus de 75 000 décès prématurés par an. Il demeure au cœur des préoccupations de santé publique d’autant plus que sa consommation augmente depuis l’an dernier. La crise sanitaire n’est sans doute pas étrangère à ce phénomène : plus de stress et de charge mentale ont poussé les gens à se réfugier dans le tabac. Aujourd’hui, 32% des 18-75 ans se déclarent fumeurs, soit 17 millions de personnes. Et il est à noter que la hausse concerne davantage les femmes et les moins diplômés.

Par ailleurs, il faut aussi se pencher sur les nouvelles formes apparues ces dernières années dont le vapotage, évidemment, mais aussi les Puffs, des cigarettes électroniques jetables. Abordables, dotées de saveurs variées, elles séduisent tout particulièrement les jeunes. En effet, 10% des lycéens ont déjà essayé une cigarette électronique sans jamais avoir touché une cigarette normale auparavant. Pas étonnant donc que le gouvernement étudie une possible et prochaine interdiction des puffs.

D’autres chiffres sont heureusement plus encourageants : 30% des fumeurs ont arrêté de fumer, au moins pendant une semaine, au cours de l’année 2021. Et le pourcentage augmente chaque année. Et même si seulement 4% d’entre eux ont pu aller au bout du processus, la volonté d’arrêter est toujours présente.

Alors le marché du sevrage tabagique se porte bien ?

Effectivement, ce marché, qui s’élève à 163 millions d’euros, a progressé de 8,7% sur les 12 derniers mois. Ce dynamisme trouve son origine dans le fait que, depuis 2019, une grande majorité de l’offre sevrage est remboursable sur prescription médicale. 60% des ventes de produits de sevrage proviennent de ces prescriptions, elles-mêmes en hausse de 11,6%. Ajoutons encore qu’il bénéficie d’un large panel de prescripteurs : médecins, infirmiers, kinésithérapeutes, sage-femmes, dentistes.

Dernier point : les substituts nicotiniques sont également accessibles sans ordonnance. La prescription n’est pas obligatoire et, dans ce cas ces médicaments ne sont pas remboursés par la sécurité sociale.

Quel rôle le pharmacien joue-t-il dans la lutte contre le tabagisme ?

Son premier rôle est de sensibiliser ses patients à la question. En ce sens, il peut s’armer d’outils comme le test de Fagerström, sur la dépendance, ou une calculatrice d’économie. Les événements spéciaux comme la Journée Mondiale sans tabac ou, plus encore, le Mois sans Tabac en novembre lui donne également de belles occasions de parler de sevrage.

Le pharmacien se montre par ailleurs très présent dans le suivi et l’accompagnement des fumeurs en cours d’arrêt. Il les informe sur la nature des produits qu’ils achètent ou qu’on leur a prescrit, les prévient des éventuels effets indésirables et adapte à chacun la bonne posologie. Ce rôle de conseiller est essentiel.

Pour être encore plus efficace dans ce domaine, le pharmacien a tout intérêt à travailler en réseau avec les prescripteurs et les autres acteurs de santé. Il doit mettre en avant sa capacité de relais et tous les informer sur la gamme de produits qu’il propose.

Dans cette mission, Santalis propose à ses adhérents des outils clés en main pour faciliter le conseil : des fiches-patients et des capsules de formation pour les équipes.

De quoi se compose cette gamme ? Comment la présenter au mieux ?

Les ventes se ventilent entre les dispositifs transdermiques (40%) et les substituts sous forme orale (60%). Les officines se doivent donc organiser leur rayon autour de ces deux formes galéniques. Par ailleurs, on ne peut échapper aux leaders du marché : les laboratoires Pierre Fabre (Nicopatch) et Johnson & Johnson (Nicorette). Toute officine doit travailler avec ces produits bien connus des patients et disposer ainsi d’une offre complète.

Enfin, il ne faut pas hésiter à mettre en valeur ces produits. Ils demeurent encore trop souvent sous-exposés. On conseille ainsi de les réunir dans un seul meuble, en arrière-comptoir, aux côtés des solutions contre le stress et l’anxiété.