Elise Palfray, Présidente de la Commission Entreprise Officine à la Fédération des Pharmaciens d’Officine.
Le recrutement pose-t-il question aujourd’hui dans les officines ?
Absolument. Le secteur de la pharmacie fait face à de réelles difficultés de recrutement. Un récent classement des métiers les plus en tension plaçait la pharmacie en troisième position derrière la restauration et la plomberie. Pôle Emploi fait le même constat dans son enquête sur les besoins de main d’œuvre en 2022.
Il y a aujourd’hui plus de 13 000 postes à pourvoir dans les pharmacies françaises, en temps partiel comme en temps plein. 83% des officines connaissent des problèmes de recrutement et ce pour tous les postes. Les difficultés sont telles pour certains qu’ils peuvent être amenés à diminuer leurs heures d’ouverture. Certaines annonces restent sans réponse depuis plus d’un an ! Et toutes les officines sont touchées, quelque soit leur lieu d’exercice (ville universitaire, milieu rural) ou leur taille.
Quelles sont les raisons de ces difficultés ?
Le sujet est vaste. La Commission Entreprise Officine que je préside au sein de la Fédération des Pharmaciens d’Officine s’évertue à en définir les causes. L’une d’elles pourrait être la mauvaise visibilité du métier auprès des lycéens et de la filière officine auprès des étudiants. Nous devons participer à la revalorisation de notre image en allant à la rencontre des jeunes lors des forums et autres salons étudiants. A nous de leur montrer la richesse de notre métier et de leur expliquer la meilleure voie à suivre pour nous rejoindre. La réforme de la PACES devenue PASS (parcours accès santé spécifique) et l’apparition des LAS (licences à option accès santé) n’a absolument pas clarifié le parcours pour les étudiants.
Que pouvez-vous faire d’autre ?
Nous devons évidemment travailler main dans la main avec les facultés mais surtout nous assurer d’offrir de très bonnes premières expériences aux étudiants. En tant que maîtres de stage, nous devons mettre en avant tous les avantages de notre métier et ce qui nous le fait aimer. Les pharmaciens ont la capacité de faire naître des vocations en démontrant aux étudiants que l’officine d’aujourd’hui s’avère d’une grande richesse : contacts humains, gestion, management, pluridisciplinarité, vaccination, dépistage, etc.
N’oublions pas de leur faire part des avantages du métier qui offre des missions à responsabilité ainsi qu’une possible évolution en tant que titulaire d’officine. Nous ne communiquons pas assez sur ce sujet par rapport à l’industrie. Et la rareté des candidats entraîne évidemment une hausse des offres…
Par ailleurs, l’officine offre un cadre de travail souvent plus souple que dans l’industrie : 35 heures, repos possible le mercredi ou le samedi, semaine de quatre jours dans certaines pharmacies ainsi que des postes sur tout le territoire.
Le métier a changé et tous les étudiants ne le savent pas. A nous de les informer pour mieux les recruter !